Je mets jamais d'interlude à mes textes. Néanmoins je veux toujours me souvenir de comment il a pop dans ma tête. De comment chaque soir d'insomnie cette histoire revenait encore et encore, alors que je fixais le plafond pendant de longues minutes voir des heures, comment je revoyais tout le temps le début de cette histoire. Qu'importe la musique ici, même si Sinners de Barns Courtney est du plus bel effet. Je sais pas pourquoi cette histoire a été aussi insistante, pardonnez également les fautes, les one shot entre deux et quatre heure du matin, c'est peut être plus de mon âge.
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Je déteste le soleil. Putain. Ouvrir mes yeux, douloureux, lever ma tête, fastidieux. Pas une gueule de bois mais quand même une sacrée galère d'émerger. C'était pas pour rien que je me suis imbibé d'eau avant de dormir. A côté, le râle une demoiselle. Elle se tourna doucement vers moi, me permettant de voir son visage. Sarah. Y'a qu'à ce genre de soirées que tu peux finir par coucher avec une fille pareille. Inaccessible pour les losers comme votre serviteur.
La lumière révéla les superbes reflets de ses cheveux blonds, découvrit doucement son profil angélique. Tu parles d'un ange. Je me levai d'un bond, amassa mes affaires pour m'habiller dans une autre pièce, intimement persuadé que tout le monde serait encore en train de mourir dans un coin. Referma tout doucement la porte derrière moi et...
"Alors, tu penses qu'elle saura encore marcher celle là?"
Charmant. L'idée d'affronter l'interrogatoire de Nathan dans la cuisine en caleçon et toutes mes affaires dans les bras m'enthousiasmait moyennement, étrangement. Je pris le parti d'ignorer la blague grivoise et déplacée avant de répondre en soupirant.
"Je l'ignore. Si je me fie à mes tympans, non. D'ailleurs on t'a pas entendu hier.
-'foiré."
Heureusement qu'à ce jeu j'étais pas mauvais non plus. Parler de sexe entre mecs avait au moins le mérite de détendre l'atmosphère, d'un peu moins penser au vide de nos existences pathétiques. Nathan avait un bon potentiel, mais j'étais meilleur.
"C'est qui la demoiselle?
-Sarah. Celle avec le nom de série à la con. Mac-truc.
-C'est une catastrophe ta mémoire des noms.
-C'est parce que ça apporte rien un nom. Passe moi une bouteille d'eau le temps que je me rhabille.
-Te voir en calbut' dans la cuisine un lendemain de cuite, ça vaut son pesant de cacahuètes bulgares. Bouge pas."
J'ignorais la remarque en essayant de pas lamentablement tomber en mettant ce foutu jean trop serré, notais mentalement le fait de maudire la machine à laver sur sept générations, avant d'enfiler mon Tee-shirt favori. Afficher mon amour pour le "Death Metal Melodic" m'était apparu comme une bonne idée, à la fois pour le style et ensuite pour faire un tri préalable des personnes intéressantes. Quand bien même ils n'avaient passer que de l'électro' de basse qualité toute la nuit.
Je réceptionnais la bouteille d'eau du coloc', en bu plusieurs gorgées avant de m'en servir pour faire le café. Mécaniques rôdées des réveils compliqués. Ca allait me manquer, tout ça. L'appart', les soirées, le café de la galère. Fin de l'année et avec elle de notre coloc', de la vie universitaire et de presque tout notre univers en forme de château de cartes. Du coup, on s'était murgé, comme d'habitude.
"En tout cas je t'ai connu plus ambitieux. Sarah n'est pas connue pour être difficile.
-Ferme là Nat', j'suis pas d'humeur. Don't feed the troll tout ça, ça te dit quelque chose?
-Un jour, vous les mecs, vous allez piger qu'une demoiselle peut se taper la Terre entière sans être une traînée.
-Salut Sarah, je taquinais juste notre ami. Il a une répartie qui frôle le ridicule tant qu'il a pas bu son café."
Vrai, et vrai. Au moins j'étais pas à poil devant la dame, et je pouvais contempler la demoiselle sans passer pour le connard de service, Nathan ayant prit ce rôle pour moi. Je me servi la première tasse sans répondre au vil cafard, en essayant de pas trop croiser le regard bleu acier de mon escroquerie de la nuit.
Elle vint se poser à côté de moi, s'adossant au plan de travail et me fit un sourire solaire, nettement plus contente de sa fin de soirée que je ne l'aurais imaginé de prime abord.
"Je t'ai dis que moi aussi j'adore Insomnium?
-Yep. Hier. Trois fois. Café?"
Quel incroyable gentleman riche de conversation j'étais. Une réelle réussite, même pas une seule phrase sujet verbe complément. Très propre. Je tentai de passer outre mon cerveau qui pestait sur mon manque absolu et total de bagout en servant la demoiselle. Les reflets irisés de ses yeux me semblaient tellement plus durs à supporter, maintenant que l'alcool ne venait plus compenser ma timidité et mon anxiété sociale maladive.
Simplement vêtue d'un tee shirt trop long et large et d'un mini short, elle avait troqué l'élégance de la veille contre du pratique pour s'en remettre. Sa superbe silhouette de danseuse vint me rappeler à quel point je venais de réussir le hold up de l'année, alors que son sourire rajoutai à ma confusion habituelle. Nathan vînt à mon secours, sentant qu'autrement il mourrait d'ennui avant la fin du petit déj'.
"Alors, Sarah, parlons peu, parlons bien. Il est plus ou moins naze que les autres du campus?"
C'est pas un sauvetage dans ce genre là que j'attendais. Je soupirais, me préparant au malaise qui allait venir.
"De toute manière, tu risques pas de me faire de la concurrence Nath', j'ai du mal à me souvenir de la dernière fois que quelqu'un a squatté ton lit.
-Vieux, si tu sais à quel point j'en ai rien à battre.
-En attendant, c'est le meilleur coup que j'ai eu depuis un bail. Et j'ai trop bien dormi en plus, ça aussi ça date pas d'hier" trancha Sarah, comme si notre duel de punchlines stupides n'avait jamais existé.
Les yeux qui sortirent de la tête de mon colocataire aurait presque réussi à me faire m'étouffer avec mon café, presque.
"Et au fait. C'est MacMulan. C'est pas ma faute si j'ai des origines françaises, puis que mon arrière-arrière grand mère s'est exilée en Amérique pendant la seconde guerre, et que deux générations plus tard, tout ce beau monde est revenu au bercail. J'espère avoir un personnage plus développé que celui des séries, cela dit.
-Y'a-t-il une seule chose que tu n'aies pas entendu de nos échanges matinaux?
-Aucune, j'ai le sommeil léger et le soleil m'a cramé les yeux. J'ai l'impression de les avoir baigné dans le chlore, c'est incroyable.
-C'est ça la vodka. On a les yeux qui brûlent et on couche avec n'importe qui.
-Soit pas jaloux comme ça Nath', ton tour viendra. Toi aussi tu auras droit à une demoiselle trop bien pour toi un jour.
-Vil flatteur."
J'omis rapidement le fait que j'étais tout à fait sérieux en me prenant un deuxième café devant le regard mi-blasé mi-halluciné de Sarah, qui devait probablement se demander quelle quantité j'allais engloutir comme ça. Je sentais au fond de moi que je commençais à me détendre un peu, alors que je m'attendais à être la mauvaise surprise du réveil, j'avais droit à un traitement tout à fait différent de ce que je craignais.
Durant ce temps, mon super colocataire avait mit un mix de musiques au piano, quelque chose de plutôt léger, que les cerveaux de tout le monde allait tolérer sans soucis. Aussi brut de décoffrage qu'il était, malgré son manque singulier de discrétion et parfois d'éducation, c'était tout de même l'hôte le plus attentionné que je connaissais. Il avait même sorti des trucs pour le petit déjeuner, sachant que j'allais rien avaler comme d'habitude, ça devait être pour la demoiselle.
"Tu sais ce que ça a donné pour les autres? On s'est éclipsé avant la fin.
-Tu veux dire après le concours de blagues grivoises? C'est pas comme si votre disparition avait échappé à quelqu'un, vous savez." Il reprit, devant mon regard exaspéré et le sourire entendu de la demoiselle, qui montrait clairement qu'elle se foutait royalement de ce qu'on pouvait ben penser de son comportement. "Ok ok. Les trucs classiques. Vomito a illustré son surnom, une fois encore, les deux débiles ont enchaîné les joints dans leur coin, et le reste du groupe a soit fui, soit était plus trop en état de poursuivre et s'est mit à comater sec. Y'a que Julian et Jérém' qui ont géré jusqu'au bout de la nuit dans un état valable. Perso', j'ai fini par m'isoler dans la caisse avec un peu de musique pour vous laisser de l'air. On dirait pas comme ça, mais je mérite une médaille.
-Bien joué à toi mon bro', je te revaudrai ça.
-Y'a intérêt. D'ailleurs en parlant d'air. Je suis pas là de l'après midi. Rendez vous médicaux à la con. Je dis ça...
-Ouais, ferme là, ça vaut mieux. "
L'espace d'une seconde, j'eu l'impression que tout avait toujours été comme ça. Ce jeu sans fin de piques lancés aléatoirement, la musique douce, l'odeur du café et le sourire incroyable de la demoiselle. J'avais pas envie de revenir à la réalité, tout ça avait un peu trop la saveur du rêve et du parfait. Quelque chose en moi craignait la fin, inexorable.
"Du coup, comme on a de l'air..."
Sarah lança un regard entendu à mon colocataire avant de me tirer dans la chambre, alors que je finissais juste ma deuxième tasse. Elle me tira et ferma la porte derrière moi, avant de lâcher un énorme soupir.
"Ne te réjouis pas trop vite, je voulais juste être tranquille avec toi le plus possible. J'étais assez peu emballée par la joute verbale de l'infini. C''est marrant au début, mais voilà, c'est pas ce que je voulais.
-Et qu'est ce que tu voulais?"
On s'était assis dans le lit en discutant, et elle en profita pour s'allonger, calant sa tête sur mes genoux, le tout en s'enroulant dans les couettes.
"Quelque chose comme ça. Je suis pas tout à fait remise de la vodka.
-Ha mais toute la journée si tu veux. J'avais rien de prévu de toute manière, et je m'explique toujours pas comment tu as fini avec moi et pas Jérém. Autant te dire que je vais profiter de tout ce que tu me donneras.
-Tu réfléchis trop. J'aime bien être avec toi. D'habitude je file en catimini au réveil, oui, comme les mecs sans gêne, je reste pas au petit déj'. Considère toi privilégié. J'ai l'impression que tu écoutes vraiment ce que tu dis et que ton cerveau s'éteint pas trop quand tu mates mes fesses. Inutile de nier, je t'ai vu. Fais pas cette tête, je déconnais ! "
Mon cerveau, encore abasourdi par l'alcool, le manque de sommeil et l'irréalité de tout ça mit du temps à tout remettre à sa place. Le spectre des émotions qui passait sur mon visage devait être comique puisqu'elle éclata encore de son rire cristallin, doux et chaleureux. Le genre de rire qui te rend instantanément envie d'aimer la vie. Je laissais la chaleur de son corps contre le mien apaiser mes tremblements, essayant de me concentrer sur son odeur et d'oublier l'arnaque que je faisais à l'univers pour juste profiter.
On resta ainsi de longue minutes qui devinrent rapidement une heure, sans rien dire, profitant simplement de la présence de l'autre. Elle fini par briser le silence, demandant tout doucement :
"Hé, tu vas faire quoi toi l'année prochaine?
-Aucune idée. La vie d'adulte qui m'attend me donner franchement la gerbe. Et toi?
-La même. Je suis supposée bosser dans l'entreprise familiale, mais je suis le méchant petit canard. Mon père me déteste et me considère comme la dernière des trainées, et mon grand frère se moque juste de mon existence. Autant te dire que l'idée de taffer là dedans me donne juste des ulcères.
-J'ai un super plan.
-Vas y?
-On foire tous les deux notre année, et on passe la suivante ensemble à chercher ce qu'on veut vraiment faire. Et au pire on aura gagner une année de murge et de décadence adolescente.
-On dirait presque une demande.
-C'est une presque demande. Juste t'avoir à mes côtés me va.
-Deal."
Et elle m'embrasse, comme ça, sans prévenir. Le soleil irradiait maintenant littéralement dans ma chambre, faisant flamboyer ses yeux dont je suis tombé amoureux immédiatement.
"Tu pense que ton coloc' est encore là?
-il vient de partir, j'ai entendu la porte."
Elle se releva doucement, et, alors qu'elle enlevait son haut avec un sourire qui ne laissait place à aucune ambiguïté, sa peau dorée resplendissant, j'eu le temps de penser face à ce splendide contrejour que j'adorais le soleil.