Elena. On nageait en plein délire. Manquait encore l’éléphant rose.
-T’étais pas censée être en pyjama ? Et elles sont où, mes bières ?
-DMC !
-Elena, quelle vulgarité !
-Bah quoi ? Dans ma chambre.
Elle éclata de rire. Cette blague venait de moi, à la base. J’ai une mauvaise influence sur les gens.
-Même mort tu restes un grand blasé dis-moi.
-Attend, comment tu sais, que je suis mort.
-Bah quoi, ce n’est pas le paradis ça ?
-Mais… Mais qu’est-ce que tu foutrais là ?
-Je suis un ange ?
Elle éclata de rire, encore. Cette fille était imperturbable. Mon regard soutenu et désapprobateur m’apporta un élément de réponse.
-Je suis morte, je crois. Pour ça que je t’ai appelé. J’étais gravement malade. Je vomissais du sang, en fait.
-Donc, au lieu d’appeler une ambulance, tu as préféré me joindre ?
-Attend, l’ambiance à la maison aurait été mortelle avec toi.
-Tu m’as pas attendu.
-Devant ton retard j’ai improvisé. Et toi, tu fous quoi, ici ?
-Saloperie de bagnole.
-Dis plutôt que t’as encore marché en plein milieu de la route avec ta musique à fond avec comme prétexte « A cette heure-ci, y’a personne ».
-Presque. Je n’étais pas au milieu de la route. La voiture a glissé, à cause de la flotte. Je crois que le mec était bourré, sinon il m’aurait facilement évité.
-Possible. Tu le sauras jamais. Mais je pensais que morte, je pourrais voler et tout. Mais non. C’est nul.
On était peut être décédé, et elle, elle pensait qu’à faire joujou. Elle se comportait vraiment comme une petite fille des fois. Pour maintenant, c’est plus vraiment important, je suppose. L’air de la clairière était pur, et je me sentais tellement fatigué…
-Il faut pas dormir.
Voix féminine. Pas Elena.
-Et vous êtes ?
J’avais même pas pris la peine de me tourner, tiens. La fatigue me retire une bonne partie de ma politesse habituelle, j’ai bien l’impression.
-Ca n’a pas d’importance, je crois. Vous êtes… Uniques, pour être arrivés ici. Venez. Je vais vous montrer un endroit sûr.
-Parce qu’ici, c’est pas un endroit sûr ? On est pas morts, en fait ?
-Tout ici n’est qu’illusion. Ne vous y fiez pas.
Instant de réflexion de ma part.
-Qu’est ce qui me dit que vous êtes de notre côté, alors ?
-Si vous en doutez, c’est que vous commencez à comprendre comment cet endroit fonctionne.
Rire cristallin. Je me tournais enfin vers la damoiselle. M’attendais encore à une étrangeté physique, dans tous les sens du terme.
J’eus droit à une belle surprise.
Une surprise brune. Relativement grande. Elle était fine. Svelte. Sa chevelure longue descendait jusqu’au milieu de son dos. Elle portait des fringues… Médiévaux. Pantalon en toile, et vêtement en fourrure. C’est qu’elle devait crever de chaud, là-dedans. Par contre, moi et Elena étions habillés dans nos fringues de tous les jours… En parfait état.
Les miennes devraient être dégueulasses. Et trempées, aussi, d’ailleurs.
Retour sur la demoiselle. Ses yeux étaient d’un vert émeraude magnifique. Visage très fin. Non dénué de charme. Sur sa bouche, un sourire discret, mais charmant. On devinait un corps souple et gracieux à travers ses vêtements. Trop belle pour exister, en somme.
-C’est pas bien de dévisager les gens comme ça.
En effet. Je détournais un peu le regard et elle éclata à nouveau d’un rire cristallin et pur. Très agréable. Mais c’était trop parfait. Tout ici n’était qu’illusion elle avait dit. Elena me sourit. Un sourire communicatif. Et surtout une invitation à suivre la demoiselle qui prenait les devants vers la forêt.
Je la laissais passer en lui soufflant un « Les dames d’abord » à l’oreille, et pris l’initiative de fermer la marche.
On le savait pas encore, mais on venait de jouer notre vie sur cette simple décision.
Non mais tu rigoles, il est géant ce chapitre ! *_* C'est là que tu comprends tout et que ya le tournant, vois-tu.