HighwaytoHell

HighwaytoHell

Dimanche 4 mars 2018 à 4:00

 Alors je suis là, ombre eternelle de ces nuits maudites. Plus humain, depuis bien trop longtemps, probablement jamais été tout à fait.
Vampire exsangue à la recherche de tout ce qu'il n'a pas. La moindre ligne, la moindre image, le moindre son. La nuit m'a caché, souvent, protégé toujours. Mais une fois que tu es pris au piège avec tes démons, la nuit ne te laisse que bien peu d'échappatoire. J'ai l'impression d'avoir une plaie béante et monstrueuse, mais que mon âme s'écoule à la place du sang. C'est douloureux, même physiquement. J'ai déjà connu ça avant. Au moins je ne vomis pas. Le temps passe, mais la souffrance reste. La seule émotion qui filtre est l'envie de tuer des gens. Le reste du temps, j'oscille entre haine de moi et profonde dépression. J'ai besoin de toi. Parce que non seulement notre avenir ensemble est tombé, mais je pense que toutes mes chances de réparer ce qui est brisé chez moi ont sombré avec le navire. J'espère vraiment très fort, que d'ici quelques années, je pourrais call it worth. Je déteste la vie, et je l'ai toujours détesté. Mais toi, je t'aimais, pour toi j'aurais enduré et j'aurais même réussi à l'apprécier, d'une manière qui échappera sûrement à tout le monde mais quand même. J'aurais aimé n'avoir jamais existé. Peut être que si je souffre toute mon existence, le karma acceptera de faire disparaître mon âme, et ça aura enfin un peu de sens. Doubt, so.
 

Lundi 26 février 2018 à 4:10

Je mets jamais d'interlude à mes textes. Néanmoins je veux toujours me souvenir de comment il a pop dans ma tête. De comment chaque soir d'insomnie cette histoire revenait encore et encore, alors que je fixais le plafond pendant de longues minutes voir des heures, comment je revoyais tout le temps le début de cette histoire. Qu'importe la musique ici, même si Sinners de Barns Courtney est du plus bel effet. Je sais pas pourquoi cette histoire a été aussi insistante, pardonnez également les fautes, les one shot entre deux et quatre heure du matin, c'est peut être plus de mon âge.

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                Je déteste le soleil. Putain. Ouvrir mes yeux, douloureux, lever ma tête, fastidieux. Pas une gueule de bois mais quand même une sacrée galère d'émerger. C'était pas pour rien que je me suis imbibé d'eau avant de dormir. A côté, le râle une demoiselle. Elle se tourna doucement vers moi, me permettant de voir son visage. Sarah. Y'a qu'à ce genre de soirées que tu peux finir par coucher avec une fille pareille. Inaccessible pour les losers comme votre serviteur.

                La lumière révéla les superbes reflets de ses cheveux blonds, découvrit doucement son profil angélique. Tu parles d'un ange. Je me levai d'un bond, amassa mes affaires pour m'habiller dans une autre pièce, intimement persuadé que tout le monde serait  encore en train de mourir dans un coin.  Referma tout doucement la porte derrière moi et...

"Alors, tu penses qu'elle saura encore marcher celle là?"

                Charmant. L'idée d'affronter l'interrogatoire de Nathan dans la cuisine en caleçon et toutes mes affaires dans les bras m'enthousiasmait moyennement, étrangement. Je pris le parti d'ignorer la blague grivoise et déplacée avant de répondre en soupirant.

"Je l'ignore. Si je me fie à mes tympans, non. D'ailleurs on t'a pas entendu hier.
-'foiré."

                Heureusement qu'à ce jeu j'étais pas mauvais non plus. Parler de sexe entre mecs avait au moins le mérite de détendre l'atmosphère, d'un peu moins penser au vide de nos existences pathétiques. Nathan avait un bon potentiel, mais j'étais meilleur.

"C'est qui la demoiselle?
-Sarah. Celle avec le nom de série à la con. Mac-truc.
-C'est une catastrophe ta mémoire des noms.
-C'est parce que ça apporte rien un nom. Passe moi une bouteille d'eau le temps que je me rhabille.
-Te voir en calbut' dans la cuisine un lendemain de cuite, ça vaut son pesant de cacahuètes bulgares. Bouge pas."

                J'ignorais la remarque en essayant de pas lamentablement tomber en mettant ce foutu jean trop serré, notais mentalement le fait de maudire la machine à laver sur sept générations, avant d'enfiler mon Tee-shirt favori. Afficher mon amour pour le "Death Metal Melodic" m'était apparu comme une bonne idée, à la fois pour le style et ensuite pour faire un tri préalable des personnes intéressantes. Quand bien même ils n'avaient passer que de l'électro' de basse qualité toute la nuit.

                Je réceptionnais la bouteille d'eau du coloc', en bu plusieurs gorgées avant de m'en servir pour faire le café. Mécaniques rôdées des réveils compliqués. Ca allait me manquer, tout ça. L'appart', les soirées, le café de la galère. Fin de l'année et avec elle de notre coloc', de la vie universitaire et de presque tout notre univers en forme de château de cartes. Du coup, on s'était murgé, comme d'habitude.

"En tout cas je t'ai connu plus ambitieux. Sarah n'est pas connue pour être difficile.
-Ferme là  Nat', j'suis pas d'humeur. Don't feed the troll tout ça, ça te dit quelque chose?
-Un jour, vous les mecs, vous allez piger qu'une demoiselle peut se taper la Terre entière sans être une traînée.
-Salut Sarah, je taquinais juste notre ami. Il a une répartie qui frôle le ridicule tant qu'il a pas bu son café."

                Vrai, et vrai. Au moins j'étais pas à poil devant la dame, et je pouvais contempler la demoiselle sans passer pour le connard de service, Nathan ayant prit ce rôle pour moi. Je me servi la première tasse sans répondre au vil cafard, en essayant de pas trop croiser le regard bleu acier de mon escroquerie de la nuit.

                Elle vint se poser à côté de moi, s'adossant au plan de travail et me fit un sourire solaire, nettement plus contente de sa fin de soirée que je ne l'aurais imaginé de prime abord.

"Je t'ai dis que moi aussi j'adore Insomnium?
-Yep. Hier. Trois fois. Café?"

                Quel incroyable gentleman riche de conversation j'étais. Une réelle réussite, même pas une seule phrase sujet verbe complément. Très propre. Je tentai de  passer outre mon cerveau qui pestait sur mon manque absolu et total de  bagout en servant la demoiselle. Les reflets irisés de ses yeux me semblaient tellement plus durs à supporter, maintenant que l'alcool ne venait plus compenser ma timidité et mon anxiété sociale maladive.

                Simplement vêtue d'un tee shirt trop long et large et d'un mini short, elle avait troqué l'élégance de la veille contre du pratique pour s'en remettre. Sa superbe silhouette de danseuse vint me rappeler à quel point je venais de réussir le hold up de l'année, alors que son sourire rajoutai à ma confusion habituelle. Nathan vînt à mon secours, sentant qu'autrement il mourrait d'ennui avant la fin du petit déj'.

"Alors, Sarah, parlons peu, parlons bien. Il est plus ou moins naze que les autres du campus?"

                C'est pas un sauvetage dans ce genre là que j'attendais. Je soupirais, me préparant au malaise qui allait venir.

"De toute manière, tu risques pas de me faire de la concurrence Nath', j'ai du mal à me souvenir de la dernière fois que quelqu'un a squatté ton lit.
-Vieux, si tu sais à quel point j'en ai rien à battre.
-En attendant,  c'est le meilleur coup que j'ai eu depuis un bail. Et j'ai trop bien dormi en plus, ça aussi ça date pas d'hier" trancha Sarah, comme si notre duel de punchlines stupides n'avait jamais existé.

                Les yeux qui sortirent de la tête de mon colocataire aurait presque réussi à me faire m'étouffer avec mon café, presque.

"Et au fait. C'est MacMulan. C'est pas ma faute si j'ai des origines françaises, puis que mon arrière-arrière grand mère s'est exilée en Amérique pendant la seconde guerre, et que deux générations plus tard, tout ce beau monde est revenu au bercail. J'espère avoir un personnage plus développé que celui des séries, cela dit.
-Y'a-t-il une seule chose que tu n'aies pas entendu de nos échanges matinaux?
-Aucune, j'ai le sommeil léger et le soleil m'a cramé les yeux. J'ai l'impression de les avoir baigné dans le chlore, c'est incroyable.
-C'est ça la vodka. On a les yeux qui brûlent et on couche avec n'importe qui.
-Soit pas jaloux comme ça Nath', ton tour viendra. Toi aussi tu auras droit à une demoiselle trop bien pour toi un jour.
-Vil flatteur."

                J'omis rapidement le fait que j'étais tout à fait sérieux en me prenant un deuxième café devant le regard mi-blasé mi-halluciné de Sarah, qui devait probablement se demander quelle quantité j'allais engloutir comme ça.  Je sentais au fond de moi que je commençais à me détendre un peu, alors que je m'attendais à être la mauvaise surprise du réveil, j'avais droit à un traitement tout à fait différent de ce que je craignais.

                Durant ce temps, mon super colocataire avait mit un mix de musiques au piano, quelque chose de plutôt léger, que les cerveaux de tout le monde allait tolérer sans soucis. Aussi brut de décoffrage qu'il était, malgré son manque singulier de discrétion et parfois d'éducation, c'était tout de même l'hôte le plus attentionné que je connaissais. Il avait même sorti des trucs pour le petit déjeuner, sachant que j'allais rien avaler comme d'habitude, ça devait être pour la demoiselle.

"Tu sais ce que ça a donné pour les autres? On s'est éclipsé avant la fin.
-Tu veux dire après le concours de blagues grivoises? C'est pas comme si votre disparition avait échappé à quelqu'un, vous savez."  Il reprit, devant mon regard exaspéré et le sourire entendu de la demoiselle, qui montrait clairement qu'elle se foutait royalement de ce qu'on pouvait ben penser de son comportement. "Ok ok.  Les trucs classiques. Vomito a illustré son surnom, une fois encore, les deux débiles ont enchaîné les joints dans leur coin, et le reste du groupe a soit fui, soit était plus trop en état de poursuivre et s'est mit à comater sec. Y'a que Julian et Jérém' qui ont géré jusqu'au bout de la nuit dans un état valable. Perso', j'ai fini par m'isoler dans la caisse avec un peu de musique pour vous laisser de l'air. On dirait pas comme ça, mais je mérite une médaille.
-Bien joué  à toi mon bro', je te revaudrai ça.
-Y'a intérêt. D'ailleurs en parlant d'air. Je suis pas là de l'après midi. Rendez vous médicaux à la con. Je dis ça...
-Ouais, ferme là, ça vaut mieux. "

                L'espace d'une seconde, j'eu l'impression que tout avait toujours été comme ça. Ce jeu sans fin de piques lancés aléatoirement, la musique douce, l'odeur du café et le sourire incroyable de la demoiselle. J'avais pas envie de revenir à la réalité, tout ça avait un peu trop la saveur du rêve et du parfait. Quelque chose en moi craignait la fin, inexorable.

"Du coup, comme on a de l'air..."

                Sarah lança un regard entendu à mon colocataire avant de me tirer dans la chambre, alors que je finissais juste ma deuxième tasse. Elle me tira et ferma la porte derrière moi, avant de lâcher un énorme soupir.

"Ne te réjouis pas trop vite, je voulais juste être tranquille avec toi le plus possible. J'étais assez peu emballée par la joute verbale de l'infini. C''est marrant au début, mais voilà, c'est pas ce que je voulais.
-Et qu'est ce que tu voulais?"

                On s'était assis dans le lit en discutant, et elle en profita pour s'allonger, calant sa tête sur mes genoux, le tout en s'enroulant dans les couettes.

"Quelque chose comme ça. Je suis pas tout à fait remise de la vodka.
-Ha mais toute la journée si tu veux. J'avais rien de prévu de toute manière, et je m'explique toujours pas comment tu as fini avec moi et pas Jérém. Autant te dire que je vais profiter de tout ce que tu me donneras.
-Tu réfléchis trop. J'aime bien être avec toi. D'habitude je file en catimini au réveil, oui, comme les mecs sans gêne, je reste pas au petit déj'. Considère toi privilégié. J'ai l'impression que tu écoutes vraiment ce que tu dis et que ton cerveau s'éteint pas trop quand tu mates mes fesses. Inutile de nier, je t'ai vu. Fais pas cette tête, je déconnais ! "

                Mon cerveau, encore abasourdi par l'alcool, le manque de sommeil et l'irréalité de tout ça mit du temps à tout remettre à sa place. Le spectre des émotions qui passait sur mon visage devait être comique puisqu'elle éclata encore de son rire cristallin, doux et chaleureux. Le genre de rire qui te rend instantanément envie d'aimer la vie. Je laissais la chaleur de son corps contre le mien apaiser mes tremblements, essayant de me concentrer sur son odeur et d'oublier l'arnaque que je faisais à l'univers pour juste profiter.

                On resta ainsi de longue minutes qui devinrent rapidement une heure, sans rien dire, profitant simplement de la présence de l'autre. Elle fini par briser le silence, demandant tout doucement :

"Hé, tu vas faire quoi toi l'année prochaine?
-Aucune idée. La vie d'adulte qui m'attend me donner franchement la gerbe.  Et toi?
-La même. Je suis supposée bosser dans l'entreprise familiale, mais je suis le méchant petit canard. Mon père me déteste et me considère comme la dernière des trainées, et mon grand frère se moque juste de mon existence. Autant te dire que l'idée de taffer là dedans me donne juste des ulcères.  
-J'ai un super plan.
-Vas y?
-On foire tous les deux notre année, et on passe la suivante ensemble à chercher ce qu'on veut vraiment faire. Et au pire on aura gagner une année de murge et de décadence adolescente.
-On dirait presque une demande.
-C'est une presque demande. Juste t'avoir à mes côtés me va.
-Deal."

                Et elle m'embrasse, comme ça, sans prévenir. Le soleil irradiait maintenant littéralement dans ma chambre, faisant flamboyer ses yeux dont je suis tombé amoureux immédiatement.

"Tu pense que ton coloc' est encore là?
-il vient de partir, j'ai entendu la porte."

                Elle se releva doucement, et, alors qu'elle enlevait son haut avec un sourire qui ne laissait place à aucune ambiguïté, sa peau dorée resplendissant, j'eu le temps de penser face à ce splendide contrejour que j'adorais le soleil.

Vendredi 16 février 2018 à 3:09

Bon, j'ai été mignon d'essayer au moins. De quoi je parle? Pas sûr moi même. On peut dire que j'ai essayé d'écrire tous les jours pour voir, sans trop de succès. J'ai essayé de pas trop m'isoler. Oulà, pas les mots pour dire à quel point ça a été un échec. J'ai essayé de pas me laisser mourir. C'est plutôt réussi à ce niveau, j'ai jamais été aussi bien foutu. Compensation obsessionnelle. Le sommeil c'est juste une blague, j'alterne les comportements déviants. Hypersomnie, insomnies, cauchemars. Tire ça à la courte paille pour connaître ton enfer du jour. J'ai essayé d'être un bon petit ami. Une bonne personne hein globalement. J'ai essayé de vaguement réussir ma scolarité malgré mon concernement inexistant. Ca va, j'vais me retrouver avec une licence validée et continuer un peu en master, j'imagine. Je sais pas encore, trop rien à battre et pas l'énergie de me projeter si loin. J'aimerais me lamenter tout le temps et en réalité je me retiens en permanence de le faire auprès des rares personnes qui supportent encore mon existence. C'est bon, on a fait assez de mal comme ça. Chaque jour qui passe je mesure l'immensité de la perte, des fois que j'aurais pu ne pas en avoir conscience sur le coup. Je sais pas comment j'ai fais pour survivre la première fois que je me suis retrouvé dans une situation. J'ai quasi 7 ans de plus et j'ai rien appris pour gérer la douleur de la rupture. J'écoute de la musique trop forte et j'attends le lendemain, tous les jours. Je sais que le temps blablabla. On pourra aussi m'objecter que j'ai étais stupide de garder les principes qui allaient me rendre malheureux. Que je pouvais me travestir et ne pas être totalement moi sur ce coup là. Je sais pas, comment je peux être moi et ne pas l'être? C'était trop me demander; je sais pas encore être quantique. Par contre je suis un peu le chat de Schrödinger. 

Comment on reste en vie, comment on a encore envie? Heureusement, j'ai ma lâcheté légendaire pour moi. Heureusement que j'ai peur toujours. Au moins il n'y aura pas d'effusions de sang, je vais rester en Enfer avec vous encore plein d'années, que je vais toutes détester. J'ai envie de boire encore. Comme si la dernière fois m'avait aidé. Le manque, est terrible. Tu es tout ce que j'avais dans un monde que je vomis. C'est de ma faute. Ca m'aide pas.Le pire c'est que toi aussi tu souffres. Pire trade de l'univers. J'espère que tu seras heureuse à un moment donné. Que tu tomberas sur un random meilleur que moi. Ca devrait pas être compliqué. Pourquoi je me suis autorisé à tomber amoureux de toi? J'ai hésité à censurer à l'époque. Précisément pour ça. 

L'ennui est débilitant. Mes journées n'ont pas de sens et ne peuvent pas en avoir. Mes nuits, je les passe à fuir la douleur qui me déloge  partout. Je commence à avoir du mal à m'épuiser avec le sport. Mes sessions quotidiennes ont au moins eu cet intérêt. Donc on attaque la piscine. Mais pareil, combien de temps ça va m'anesthésier? On verra bien. Je t'ai promis que je ferai en sorte d'aller bien. J'ai pas précisé combien de temps. Je fais attention, maintenant aux promesses que je fais. Si je peux même ne plus jamais en refaire ça serait pas mal. On a assez fait de dégâts je pense. C'est pas le monde qui est mauvais nan. Moi j'avais juste rien à foutre là. Pourtant le monde m'a prévenu. Allez, on espère que comme avec la première demoiselle, enfin de compte tous mes magnifiques ratés et le fait que je n'étais que moi portera plus de fruits que ça ne laissera de séquelles. Qu'elle deviendra encore plus parfaite, et que je n'aurais que yeux pour pleurer, et mes souvenirs pour la sublimer encore. 

Comment un sombre connard comme moi a pu être avec deux des personnes les plus incroyables qui sont nés dans cette génération de mort? Je vous le demande, moi je sais pas. Peut être que son vieux avait raison quand il a sorti que j'suis manipulateur. Après tout y'a pas trop d'autres explications. C'est pas le charisme, ne nous mentons pas. Ni le physique, c'est pas le regard qui transpire la maladie et la dépression qui attire en général. Et pas ma sensibilité. Et vu comme mon cerveau a fondu, ça ne sera plus jamais l'intelligence. Bien bien bien. Au moins, j'ai de superbes souvenirs. Les plus beaux je dirais même plus. Mais putain, je n'sais pas. Je sais pas comment faire sans toi. J'ai des fois envie de sexe, ça me rappelle que je suis vivant. Ca marche visiblement mieux que mon appétit normal qui est en berne, vive les hormones. C'est sur qu'à ce niveau là, ça sera aussi triste que pour le reste. De toute manière c'est pas dit que je sois en état de faire quoi que ce soit. Et j'aurais même pas l'occasion de vérifier donc on est bien. 

Pendant son temps, l'autre ramène de la Péruvienne. Swag. J'aurais aimé être le mec qui réussi tout sans forcer, dans notre duo. Genre vraiment, le rôle du mec naze est lassant, au bout d'un moment. Allez, satisfaisons nous de la plus grande escroquerie de ce siècle et de tous les autres. Et montons la musique encore, je m'entends penser là. Je sais pas, je sais plus. Je suis fatigué d'être. Plus fort la musique.

Jeudi 1er février 2018 à 22:18

www.youtube.com/watch

 "Mais cours, putain !"

                Dans les rues désertes de la même foutue ville, éclairée par la même foutue lumière lunaire, pourchassé par les mêmes foutus monstres. Et ce gosse avait rien trouvé de mieux comme idée que d'arrêter de courir. Sa grande soeur lui prit la main et le força à se remettre en route alors qu'il était visiblement au bord de l'évanouissement. Fallait qu'on trouve une planque, vite. Aux grognements, ils avaient mis le paquet sur le budget chasse cette nuit. Toutes les planques habituelles étaient saccagées, aucun des abris qui fonctionnaient d'habitude était libre ce soir. Bordel, pourquoi ça avait dérapé à ce point?

"DROITE !"

                J'ai joint le geste à la parole m'engouffrant dans la petite ruelle sombre sans même regarder s'ils m'avaient bien suivis. Regardé ma montre. Il restait trois heures avant le lever du jour. Beaucoup trop, les deux boulets tiendraient jamais jusque là. Ils passèrent l'angle de la rue et dans le même mouvement j'enfonçais ma lame dans l'espèce de molosse infernal qui talonnait Ambre. Joli nom, à défaut d'être la marathonienne de l'année dont on aurait eu besoin.

                Pas de pause, même pas un instant d'effarement devant la lame qui laissait couler des gerbes de sang du crâne ouvert en deux. L'Enfer, c'était devenu notre quotidien et notre seule demeure. Impossible de quitter la ville, on avait essayé. Une sorte de paroi invisible nous bloquait le jour, et ne disparaissait pas la nuit, où la traque reprenait.  Pourquoi on était que trois? Pourquoi cette ville? Aucune idée. Nous étions coincé dans un jeu infernal, et ce soir ressemblait fortement au  game over.

                Pendant qu'ils grimpaient sur le toit je continuais à trucider les créatures cauchemardesques qui passaient. Cadavres des nuits précédentes qui revenaient à la vie se mêlaient aux nouvelles chimères atroces qu'on avait prit le soin de relâcher en plus sur nous. Au moins, le concept de difficulté progressive était respecté. Sourire jaune et tics carnassiers sur mon visage émacié par la fatigue et tiré pas la rage meurtrière. Au moins, ma vie passée à tuer n'était pas inutile. Courir, chasser puis fuir, je savais faire.

                L'épée couverte de sang visqueux je m'élançais à mon tour sur le toit, avant que le reste de la meute n'arrive. J'avais aussi récupéré quelques petits calibres ainsi que les munitions qui allaient avec. Mais le bruit que ça générait me forçait à ne m'en servir qu'en dernier recours. Recherche visuelle de point de fuite. Ambre était un peu devant, avait sauté sur le toit d'à côté sans m'attendre. Brave fille, au moins elle écoutait les consignes.

                Les rues étaient pleines de monstruosités. Il n'y avait nulle part où se cacher, et sauter de toit en toit n'allait pas temporiser longtemps. Je sus ce qu'il me restait à faire. Je pris la direction opposée, sans un mot. Il n'y aurait pas de trompettes, pas de réussite glorieuse, pas de victoire brillante ni de retournement de situation. C'était juste la fin.

                Pour la première fois depuis des semaines, je pris le temps de marcher en regardant la Lune. Tellement adorée, avant de commencer à la haïr profondément. Ca faisait des semaines qu'elle était pleine, douce et lumineuse. Super contraste à notre situation. Je pris mon Berretta, qui était sûrement le seul objet dont je ne me serai jamais séparé, et tirait quelques balles au hasard, tuant temporairement quelques zombies, une ou deux chimères et une saloperie de gargouille.

                Il viendrait. Recharge, lente. J'avais amené toutes les créatures du coin. crû entendre le petit crier "non!" au moment où je commençais à faire feu, mais ce n'était sûrement que mon imagination qui en faisait des caisses. J'ai toujours été un grand romantique, finalement. Balles dans la tête, inlassablement. C'est fou ce que j'étais bon au tir ce soir là. Encore meilleur que d'habitude alors que j'avais franchement pas de quoi rougir dans le milieu. Des abominations, plus lentes, plus horribles et plus puissantes commençaient à arriver. C'est pas pour rien qu'on passait notre temps à courir la nuit.

                Grotesques amas de chair cousues, ils n'étaient plus que très vaguement humanoïdes, en plus d'être énormes. J'avais pas choisi un bâtiment assez haut il semblerait. Les plus rapides auraient même le luxe de venir me saisir. Mais j'avais foi en moi. Et plus exactement le choix, maintenant. Vous savez ce qui est marrant avec la fin du monde? On peut se balader avec un canon scié sans que personne vous fasse de remarques désobligeantes. Avec un ricanement, je repris le feu désormais nourri qu'il fallait garder pour pas que le toit se fasse envahir. Coup d'œil vers Ambre, personne semblait avoir continue la chasse par là. Le sang appelle le sang, j'imagine.

                J'étais bientôt à court de munitions, d'énergies et j'avais encore bien trop de temps à gagner. Alors il arriva. En flottant doucement. Même pas plus grand que moi, encapuchonné de noir, l'air probablement plus humain que moi, couvert de sang, d'organes de boue et avec l'air fou du tueur traqué. Pourtant, j'étais serein.

"C'est bon, tu as fini?
-Ne me reprends pas comme un enfant, c'est toi qui fait joujou avec nous, pas le contraire.
-Tu penses avoir gagné assez de temps pour eux? Ou tu es simplement désespéré?
-J'étais désespéré avant même que tout ça ne commence. Et je me fiche d'eux.
-Tu les as maintenu en vie longtemps et c'est encore ce que tu fais, pourquoi?"

Tir sur le molosse qui avait sauté sur le toit derrière moi.

"C'était pas plus compliqué que ça. Et puis, on était que trois, je pensais pouvoir comprendre pourquoi eux. Mais en fait, ça n'a plus aucune espèce d'importance.
-Ha oui?"

                Rien que de rester à côté de lui coûtait un effort incroyable, comme si le Néant personnifié s'adressait à vous, dans le seul but de vous voir disparaître. Ses traits d'esprits, son humour noir et sa voix qui émanait à la fois de son corps et dans votre crâne avalait lentement tout espoir, toute combativité, toute énergie positive. Mais ça tombait bien, je n'avais déjà plus rien de tout ça. J'avais déjà essayé de lui mettre une tête, la première nuit. La balle avait tout simplement disparu. Deux fois.

"J'ai gagné.
-Le fait que tu sois coincé sur un toit, u milieu du néant, seul et sur le point de te faire submerger me donne très envie de te donner tort."

                Alors, j'ai sauté sur lui, il se contenta de réapparaître un peu plus loin avec un ricanement maniaque. Et je continuais à l'épée, ignorant les monstres qui commençaient à arriver sur le toit à même pas dix secondes de ma position. Il esquiva en boucle, sans comprendre où je voulais en venir.

"Comment tu gagnes, si tu meurs, je ne comprends pas?
-J'ai lutté."

                Et tout explosa, mon corps et surtout celui de l'encapuchonné en face avec. Ca servait toujours d'avoir des grenades sur soi. Bordel quelle soirée. Sûrement la meilleure de ma vie. C'est pas tous les soirs qu'on tue le marchand de sable.

Lundi 29 janvier 2018 à 16:46

            www.youtube.com/watch   

                 L'eau chaude coulait sur son visage émacié par la fatigue, ses cernes profondes et violacées. De son long nez perlaient l'eau et les larmes.  Ses courts cheveux bruns lui laissaient le luxe de ressentir chaque goutte qui s'écrasait sur son crâne. Il n'était pas vraiment là, et il était absolument là. Assis en tailleur sous la douche, le temps s'était arrêté. Le monde autour n'avait plus de consistance. Il n'y avait que ce jeune homme, l'eau et les parois qui l'entouraient. La cadence rassurante de son cœur qu'il entendait au delà du bruit blanc.

                Savourer chaque sensation, chaque mouvement. Apprécier le pattern constant  du jet. Etre et même plus qu'être. Ainsi, il bloquait ses pensées, noyait sa souffrance pesante qui l'alourdissait, sorte de masse informe tumorale qui drainait toute son énergie. Tout ce qu'il arrivait encore à faire, c'est mettre un pied devant l'autre, en attendant que ça aille mieux. Et fuir sous la douche quand l'univers semblait de trop.

                Alors la chaleur inhibait ses sensations, sa vue se troublait et il pouvait s'envoler loin et oublier pour un temps. Ou enfin exprimer sa douleur en spasmes douloureux qu'il devait retenir toujours. Puis, finalement, il devait sortir. L'eau devenue froide et  les mains fripées annonçaient la fin du repli.

                Alors le monde extérieur revenait, prenant un malin plaisir à être aussi froid, inhospitalier et mauvais qu'avant. Tout était gris, tout était terne. Il pouvait chercher longtemps des raisons d'être ici bas. Mais il n'y avait plus aucune trace de vie en lui. L'existence était venu à bout de tout ce qu'il était, de tout ce qu'il aimait et de tous ceux qu'il aimait aussi.

                Il déambulait comme un zombie, accomplissant ce qu'il fallait pour rester en vie. S'habiller, manger, travailler. Dormir, des fois. Mais jamais plus jamais il ne se sentirait chez lui. Plus jamais il n'ouvrirait de porte en se disant qu'il était rentré à la maison.  L'enfer, c'est pas tant les autres que ne pas être soi. Il sortit de son appartement impersonnel et mal rangé, se dirigea vers le parc sous la pluie. La musique plein les oreilles, sublime appoint à son humeur mortifère.

                Il marcha un temps dans la boue, entre les arbres, avant de retrouver le coin où il avait joué toute son enfance, le coin où il t'avait rencontré et aussi celui où il a admit t'aimer. Il sembla un instant heureux, puis très fatigué. Doucement, très doucement, il sorti son pistolet, de sa poche. Il était étonnamment facile de se procurer des armes comme ça. Vive le monde occidental.  Il chargea et presque sans hésita, tira dans sa tempe.

Il était temps de revenir à la maison. 

 

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